février 2012
Depuis 2005, le Comité remet un prix récompensant un thèse de doctorat de langue française portant sur la traite, l’esclavage et leurs abolitions.
Pour le prix 2011, le CPMHE a remis le prix à deux thèses qui se sont distinguées par leur richesse et leur aspect novateur, soutenues par Frédéric Charlin et Alejandro Gomez.
Depuis 2005, le Comité remet un prix qui récompense une thèse de doctorat en langue française pour sa contribution à une meilleure connaissance de la traite négrière, du système esclavagiste, des processus d’abolition et de la mise en place de sociétés post-esclavagistes dans le monde atlantique et dans l’océan Indien, de la fin du XVème siècle jusqu’à la période contemporaine.
Ce prix distingue la qualité des recherches mais aussi leur caractère novateur et leur originalité.
Cette année, au regard du nombre et de la qualité des thèses qui ont été proposées et retenues pour le prix 2011, les membres du Comité ont décidé, à titre exceptionnel, de désigner deux lauréats.
Ainsi, le prix 2011 du CPMHE a été décerné à :
Frédéric Charlin pour sa thèse intitulée « Homo servilis. Contribution à l’étude de la condition juridique de l’esclave dans les colonies françaises (1635-1848) », soutenue à l’Université de Grenoble le 3 décembre 2009, sous la responsabilité de M. Martiel Mathieu.
Alejandro Gomez pour sa thèse intitulée « Le syndrome de Saint-Domingue : Perceptions et représentations de la Révolution haïtienne dans le Monde Atlantique, 1790-1886 », soutenue à l’EHESS le 13 décembre 2010, sous la responsabilité de Mme Frédérique Langue.
La thèse de Frédéric Charlin étudie tous les aspects juridiques du statut de l’esclave (mariage, filiation, propriété…) et analyse les institutions administratives des colonies.
Ce travail est exceptionnel par sa globalité –la totalité des deux siècles d’esclavage est étudiée et toutes les colonies françaises sont évoquées- et par sa nouveauté épistémologique. En effet, Frédéric Charlin restitue non seulement la complexité et la cohérence relative du droit français de l’esclavage, mais aussi son caractère évolutif, mettant en évidence ses mesures de plus en plus humanitaires.
Frédéric Charlin démontre ainsi que la législation esclavagiste ne se réduit pas à l’Edit de Mars 1685, un des textes emblématiques du Code Noir. Il a su mettre en place un appareil d’analyse solide : le développement du concept d’ " identité législative " pour évoquer cette période permet d’échapper à l’utilisation du terme doublement connoté d’assimilation juridique.
Les membres du CPMHE ont été particulièrement sensibles à la grande maîtrise des sources dont Frédéric Charlin a fait preuve : des centaines de textes juridiques inédits ont été exhumés des Archives et étudiés de manière toujours très pertinente. A partir de cette thèse magistrale et très complète, les historiens du droit pourront se livrer à l’étude des spécificités juridiques locales de l’esclavage dans les différentes colonies françaises.
La thèse d’Alejandro Gomez démontre que le rôle de la Révolution haïtienne dans la construction du monde Atlantique a été central.
Cette thèse est admirable de par son ampleur : prenant en compte un siècle d’histoire, elle mobilise des sources de nombreux pays différents comme la France, l’Espagne, le Vénézuela, les Etats-Unis et le Royaume-Unis.
Alejandro Gomez montre comment la portée de la Révolution haïtienne est mondiale et analyse le « syndrome de Saint-Domingue », c’est-à-dire le sentiment de peur chez les maîtres de différentes colonies, une peur déjà existante mais accentuée par la Révolution haïtienne. Ce travail constitue indéniablement un apport considérable à l’histoire Atlantique.
Cette thèse puise des informations de première main dans des dépôts d’archives et met en perspective des situations habituellement analysées dans un cadre national. Ainsi, abondant en données très diverses, ce travail apporte à l’historiographie un matériel considérable qui sera une référence pour les historiens.
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