décembre 2011
Pourquoi avons-nous peur de l’autre,
peur de la diversité, peur du passé en France ?
Mercredi 7 décembre de 19h15 à 21h00
Sciences Po, amphi Jacques Chapsal, 27 rue St Guillaume, 75007 Paris
Entrée libre dans la mesure des places disponibles
Avec Pascal Blanchard et Françoise Vergès
Débat animé par Cécile Pavageau
Cette présentation du débat du 7 décembre 2011 est extraite du site de l’association les Gracques. Le propos n’engage pas le CPMHE.
L’identité nationale est une dynamique, un mouvement en constante évolution et redéfinition pour entretenir le désir et notre envie de vivre ensemble.
Comme l’exprimait Jean-Marie Tjibaou : « La recherche d’identité est devant soi, jamais en arrière. Le retour à la tradition est un mythe, aucun peuple ne l’a jamais vécu. Et je dirais que notre lutte actuelle, c’est de pouvoir mettre le plus possible d’éléments appartenant à notre passé, à notre culture, dans la construction du modèle d’homme et de société que nous voulons pour l’édification de la cité. Notre identité, elle est devant nous ».
Il est désormais plus que temps de ne pas laisser l’identité nationale (ou les identités nationales) à ceux qui veulent l’atrophier et la réduire, il nous faut compléter notre récit national dans toutes ses dimensions et ses divers aspects.
L’immigration est intrinsèque à l’histoire et à notre identité nationale. Les femmes, les hommes et les territoires d’outre-mer ont pesé dans l’histoire de la Révolution française et de l’Assemblée nationale. C’est certainement sur et avec l’abolition de l’esclavage que la France a inventé sa République, en 1793 comme en 1848. Aujourd’hui, si Félix Eboué à qui la France libre de 1944 doit beaucoup ou Aimé Césaire sont bien au Panthéon, il faut encore travailler sur les inconscients collectifs et sur nos cultures globales par un enseignement différent de l’histoire des immigrations françaises ou de l’histoire de la colonisation, une approche des recherches postcoloniales plus dynamique et des actions fortes en matières de connaissance de l’histoire de l’esclavage, de la colonisation ou des cultures ultramarines est sans aucun doute nécessaire.
Dans un pays qui se targue d’avoir plus de « 12.000 musées », n’est-il pas étonnant de ne disposer d’aucun lieux de savoir sur l’esclavage, d’aucun lieu de savoir sur la colonisation, d’aucun lieu de découverte du passé et des présents des mondes ultramarins. Ces passés, ces diversités de nos histoires n’ont pas encore leur place dans nos musées…
Pour répondre à la question : « Pourquoi avons-nous peur de l’autre, peur de la diversité, peur du passé en France ? », Pascal Blanchard débattra avec Françoise Vergès le mercredi 7 décembre de 19h15 à 21h00 à Sciences Po (amphi Jacques Chapsal, 27 rue St Guillaume).
Pascal BLANCHARD
Historien, spécialiste du « fait colonial » et d’histoire des immigrations en France, chercheur associé au CNRS au Laboratoire Communication et Politique (UPR 3255), il est codirecteur du Groupe de recherche Achac (www.achac.com). Cette année, il est le commissaire scientifique de l’exposition Exhibitions. L’invention du Sauvage (2011-2012) en partenariat avec le musée du quai Branly (qui vient d’ouvrir ses portes le 29 novembre 2011), et a co-dirigé de nombreux ouvrages, notamment Zoos humains et exhibitions coloniales. 150 ans d’invention de l’autre (La Découverte, 2011).
Il vient également de co-diriger l’anthologie illustrée La France Noire. Trois siècles de présences des Afriques, des Caraïbes, de l’océan Indien et d’Océanie, Paris, La Découverte et propose la série de trois documentaires Noirs de France en collaboration avec Juan Gélas qui sera diffusée en février 2012 sur France Télévisions.
Parmi ses ouvrages principaux, nous pouvons également citer La Fracture coloniale (2005) ou le coffret de huit ouvrages Un siècle d’immigration des Suds en France (2009) et La République coloniale avec Françoise Vergès et Nicolas Bancel.
Françoise VERGES
Politologue après avoir été journaliste et éditrice, spécialiste du fait colonial dans sa longue durée (esclavagisme, post-esclavagisme, post-colonial), elle a enseigné aux Etats-Unis où elle a obtenu son doctorat, et en Angleterre.
Elle a publié de nombreux ouvrages et articles en français et en anglais sur le crime de masse et les politiques de réparation, l’esclavage et l’abolitionnisme comme politique humanitaire, Frantz Fanon, Aimé Césaire, la République coloniale, les processus de créolisation et le musée postcolonial au XXIe siècle.
Depuis 1998, Françoise Vergès intervient dans l’espace public et les médias sur le rôle et la place de l’esclavage dans l’histoire de la modernité européenne. Elle est présidente du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, installé par la Loi du 10 mai 2001 et vient de remettre un rapport à la ministre de l’Outre Mer sur les expositions coloniales et ethnographiques en France le 15 novembre 2011.
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