Les programmes scolaires

Après avoir fait le précédent constat, le Comité suggère un changement de perspective dans l’enseignement de la question de l’esclavage, des traites négrières et de leurs abolitions. L’histoire des discriminations produites par la colonisation, les traites négrières et l’esclavagisme n’apparaît pas clairement comme un pôle majeur des programmes. Le traitement de ces questions dans une perspective globale et non à titre d’exemples aléatoires doit apparaître comme une priorité. D’abord, parce que cette histoire s’insère à part entière dans l’histoire de l’expansion européenne, en particulier celle de la France ; ensuite, parce que, dans la société française multiculturelle d’aujourd’hui, au sein de laquelle les revendications identitaires s’affirment, il apparaît important que toutes les composantes de la société se sentent intégrées dans l’histoire de France qui leur est enseignée. Cette reconnaissance historique du passé colonial de la France à travers un enseignement approfondi contribuerait à la mission d’intégration qui est devenue aujourd’hui une des priorités de notre École. L’intégration de ces questions dans les programmes et les manuels à l’échelle nationale apparaît donc comme un point central de la réparation historique à mettre en œuvre.

Par ailleurs, il conviendrait d’éviter, dans la mise en relief de cette question historique, une approche centrée uniquement sur le cas français. La colonie de Saint-Domingue, devenue Haïti en 1804, doit en particulier occuper une place spécifique au sein du chapitre consacré à la question. Une perspective de comparaison internationale soulignerait le caractère universel de ces discriminations que la loi française du 21 mai 2001 reconnaît comme un crime contre l’humanité. Elle mettrait en évidence les caractéristiques propres aux sociétés coloniales sous domination française et, par conséquent, éclairerait certains aspects négligés de l’histoire de la population française. Elle permettrait ainsi de souligner le lien qui existe entre l’histoire de la colonisation et l’histoire du temps présent.
Pour traiter la question de la colonisation, de la traite négrière et des systèmes esclavagistes dans leur ensemble, le Comité propose donc d’élaborer, en fonction des niveaux, une étude autour de trois axes :
- les réalités matérielles de la traite et de l’esclavage ;
- les violences engendrées par la traite et l’esclavage, les révoltes et les répressions ;
- les mouvements abolitionnistes.

Ces trois axes pourraient ensuite être eux-mêmes déclinés autour de trois thèmes majeurs pour construire une culture commune sur cette question :
- les grandes figures (banquiers, grands planteurs et armateurs, mais aussi instigateurs des révoltes et figures de la résistance...) ;
- les thèmes littéraires (Voltaire, Hugo, Georges Dumas, Diderot, Raynal...) ;
- les représentations par l’image et leur critique (tableau de Verdier, l’esclave de Renard, Stedman, Biard...).

Ainsi, du primaire au lycée, il serait possible d’aborder cette question à travers une grille type dont les exemples et l’approfondissement seraient adaptés :

Réalités matérielles de la traite et de l’esclavage Violences, révoltes et répressions Mouvements abolitionnistes
Grandes figures
Thèmes littéraires
Représentations par l’image (et critiques)

Le Comité souligne enfin l’importance de la notion de crime contre l’humanité, reconnue par la loi française, qui doit figurer au cœur de cette approche. Il serait d’ailleurs possible d’intégrer pleinement l’étude de la notion dès la classe de 4e. En effet, alors que les manuels les plus récents citent la loi du 21 mai 2001, l’esclavage et la traite qui sont au cœur de la prospérité de l’Europe étudiée en histoire se réduisent au schéma du commerce triangulaire. De même, une comparaison des esclavages dans l’histoire devra être inscrite clairement au programme d’éducation civique.


 

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