8 mars 2011 - Paris - Nouvelle polémique autour de la loi du 21 mai 2001

Après sa condamnation pour incitation à la haine raciale le 18 février 2011 par la 17e chambre du tribunal correctionnel pour certains de ses propos lors d’une émission de télévision, Salut les Terriens , diffusée sur Canal+ le 6 mars 2010, le journaliste Eric Zemmour a été invité par les parlementaires libéraux de l’UMP le 2 mars 2011 pour débattre de la "liberté d’expression".

En effet, dans ses attendus, le tribunal a estimé que M. Zemmour, en déclarant que des employeurs avaient "le droit" de refuser un emploi à des Noirs ou à des Arabes en France "a dépassé les limites de la liberté d’expression" en "légitim(ant) une pratique illégale".

Dans cette intervention très applaudie devant une partie des parlementaires de l’UMP à l’Assemblée nationale, le journaliste a demandé, notamment, "l’abrogation de toutes les lois mémorielles" parmi lesquelles la loi du 21 mai 2011 tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité.

Le 3 mars 2011, M. Christian Vanneste, député UMP du Nord, a été bien plus explicite dans une interview accordée au site nouvelobs.com dans laquelle il a fait la distinction entre, d’une côté, "la loi Gayssot" qu’il faudrait conserver car elle protège "une vérité de justice" et non historique, et, de l’autre, la "loi Taubira" qui serait "une honte pour notre pays, une honte pour la liberté d’expression dans notre pays", pis "une loi anti-française" à "supprimer tout de suite".

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualite/opinion/20110303.OBS9072/interview-christian-vanneste-des-chiens-de-chasses-sont-en-train-d-egorger-la-liberte-d-expression.html

Scandalisés par des déclarations qui ne sont pas dignes d’un législateur dans notre République, les membres du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage, réuni en séance plénière le mardi 8 mars 2011, ont adopté une déclaration solennelle, visant à rappeler à M. Christian Vanneste que la loi du 21 mai 2001 s’inscrit dans la tradition antiesclavagiste française et vise à mieux connaître et faire connaître une part de l’histoire contre l’oubli, le déni et le mépris qui mettent en cause la cohésion républicaine.

De son côté, Madame Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l’Outre-mer, a écrit le mardi 9 mars 2011 au secrétaire général de l’UMP, M. Jean-François Copé, pour demander l’exclusion de Christian Vanneste.

LE COMMUNIQUE DU CPMHE EN REPONSE A M. CHRISTIAN VANNESTE QUALIFIANT LA LOI DU 21 MAI 2001 DE LOI "ANTI-FRANCAISE"

Le Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage condamne vigoureusement les propos de Monsieur le député Christian Vanneste qualifiant, le 3 mars 2011, dans une interview accordée au site nouvelobs.com, la loi du 21 mai 2001 tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité de « honte pour notre pays » et de « loi anti-française » et appelant à sa suppression immédiate.

Le CPMHE considère que ces propos sont indignes d’un parlementaire. Ils révèlent non seulement une ignorance feinte mais surtout un mépris des idéaux de la République. Ils portent atteinte à l’honneur de tous les citoyens Français descendants d’esclaves. Ils sont insultants pour tous ceux qui ont combattu la traite et l’esclavage.

La loi du 21 mai 2001 s’inscrit pleinement dans la tradition antiesclavagiste républicaine qualifiant, dès 1848, l’esclavage de « crime de lèse-humanité », et qui reste l’un des fondements de la lutte que la République française mène contre toutes les formes contemporaines d’esclavage dans le monde.

La loi du 21 mai 2001 s’inscrit pleinement dans une tradition française soucieuse du respect des droits humains : le décret du 27 avril 1848, interdisant le trafic et la possession d’esclaves, prévoyait que toute infraction à ces dispositions était passible de la « perte de la qualité de citoyen français ».

Le CPMHE s’élève solennellement contre la remise en cause d’une loi, adoptée, après trois ans de débat, à l’unanimité par le Sénat le 10 mai 2001.

Le CPMHE rappelle que l’un des objectifs majeurs de la loi du 21 mai 2001 est de favoriser le développement de la recherche et la diffusion des connaissances. Cette loi a ainsi permis de nombreux progrès dans les domaines de l’enseignement, de la recherche et de la valorisation des patrimoines liés à la traite négrière et l’esclavage.

Le CPMHE rappelle enfin que cette loi contre le déni et l’oubli adoptée il y a dix ans apporte à la France dans le monde une considération qui oblige à un devoir d’exemplarité et de vérité.

Paris, le 8 mars 2011

PDF - 54 ko

 

Suivez l'actualité du CNMHE
sur Facebook et Twitter

CONTACT

Président :
Frédéric REGENT

Assistante de direction
Chargée de communication:
Magalie LIMIER

CNMHE
Ministère des Outre-Mer
27 rue Oudinot 75007 PARIS

Mail : sec-cnmhe@outre-mer.gouv.fr

LIENS

Autres liens...

Accueil du site | Crédits