10 mai 2010 : allocution de M. Gérard Larcher, président du Sénat

Allocution du Président du Sénat à l’occasion de la cérémonie officielle de la cinquième journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, prononcée dans le jardin du Luxembourg le 10 mai 2010.

Monsieur le Ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des collectivités locales, (Brice Hortefeux),

Madame la Ministre de l’Outre-mer (Marie-Luce Penchard),

Madame la Présidente du Comité pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (Françoise Vergès),

Monsieur le Délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outre-mer (Patrick Karam),

Mesdames et Messieurs les Sénateurs, chers amis,

Mesdames et Messieurs,

● Le 27 avril 1848 –il y a 162 ans–, Victor Schœlcher obtenait l’abolition définitive de l’esclavage sur toutes les terres de France.

● Il y a cinq ans, un oubli était comblé par la création d’une journée nationale des mémoires, de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions.

● Il y a trois ans, –le 10 mai 2007–, le Président de la République, Jacques Chirac –accompagné par le Président élu Nicolas Sarkozy– inaugurait ce monument « Le Cri, l’Écrit », œuvre de Fabrice Hyber, qui commémorait la mémoire de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions.

L’abolition définitive de l’Esclavage sur les terres de France fut tardive. L’Espoir, initié en 1794 par l’Abbé Grégoire fut de trop courte durée.

12 millions d’Africains subirent l’esclavage. Ils y perdirent leur liberté et leur droit au bonheur. Beaucoup y perdirent aussi la vie.

Le décret du 27 avril 1848 mit un terme définitif, sur les terres de France, à cette funeste infamie.

Ce texte fut, bien sûr, la consécration d’un mouvement d’idées. Il fut aussi le résultat des luttes sanglantes des esclaves eux-mêmes pour leur liberté. Il fut tout à la fois un « Écrit », une norme libératrice, et le résultat d’un « Cri », une révolte émancipatrice.

Pour le 150e Anniversaire du décret Schœlcher en 1998, le Sénat avait organisé un programme de manifestation d’une grande ampleur, échelonné sur toute l’année. Un large public y avait été associé. L’érection du monument de Fabrice Hyber en a constitué le prolongement.

La symbolique de cette œuvre suggère que tout mouvement d’émancipation n’est jamais achevé. Elle évoque bien, en même temps, « le Cri » : la révolte, mais aussi « l’Écrit » : la norme.

Alors permettez au parlementaire, au Sénateur que je suis –comme Victor Schœlcher l’était– de vous dire, en ce jour de mémoire, en ce souvenir du 27 avril 1848 où une loi changea le sort de milliers d’hommes et de femmes, que faire la loi, écrire la norme est une responsabilité majeure. Car –comme elle a radicalement, du jour au lendemain, changé la vie de millions d’esclaves– la loi peut changer notre vie, votre vie.

Aujourd’hui, au début de la deuxième décennie du XXIe siècle, des formes d’indignité humaines n’ont pas disparu de notre monde. Les maillons –non encore brisés– de ces chaînes continuent d’aliéner des millions d’hommes, de femmes et d’enfants dans le monde.

Tyrannie des fondamentalismes religieux ; recrues engagées de force dans les armées ; prostitution obligée ; travail forcé ; exploitation de la main-d’œuvre, notamment enfantine… Les formes contemporaines de l’aliénation des libertés les plus élémentaires sont aussi multiples qu’odieuses.

Il nous appartient de continuer de lutter contre ces injures aux Droits de l’Homme.

La conquête de la liberté et de la dignité de l’homme n’a pas de fin. C’est un combat toujours recommencé.

La civilisation est une construction fragile. Il faut en permanence la sauvegarder. La fonction du Droit –et notamment de la Loi qu’élabore le Parlement– est de maintenir la civilisation par une Règle, une Norme respectée par tous et approuvée par la plupart.

Le Devoir de Mémoire est un impératif. La mémoire exige la vigilance à l’égard de la persistance, ici comme ailleurs, de nombreuses formes contemporaines de servitude et d’exploitation. C’est, je crois, au-delà d’un passé douloureux le sens profond de cette cérémonie.

 


 

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