L’histoire par l’image

L’esclavage sur le site L’Histoire par l’image

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http://www.histoire-image.org/

L’Histoire par l’image est un site en ligne public, édité par la Réunion des musées nationaux et la direction des musées de France, auquel la direction des Archives de France apporte régulièrement sa contribution.

Son ambition : enrichir la connaissance du passé à travers les oeuvres d’art et les documents iconographiques qui s’y rapportent. Bien des oeuvres, quelle que soit leur nature (peinture, sculpture, photographie, dessin, gravure…), restent trop souvent utilisées comme de simples illustrations et méritent d’être analysées au-delà de la brève légende qui les accompagne le plus souvent. Ces oeuvres ne renvoient pas seulement aux événements marquants de l’histoire de France (révolutions, guerres, changements de régime…). Les artistes des siècles passés nous ont en effet laissé une somme remarquable de témoignages sur les grandes évolutions sociales et culturelles depuis la Révolution.

Même si ces témoignages, qui émanent d’une sensibilité personnelle, ne peuvent prétendre à l’exigence de scientificité de l’historien, ils révèlent souvent ce qui anime la société d’une époque, ses motivations, ses mœurs, ses craintes ou ses engouements. Ils complètent et éclairent donc l’histoire politique par des éléments sur les conditions sociales, les progrès scientifiques, les pratiques religieuses et culturelles, la vie intellectuelle et artistique... L’enjeu de L’Histoire par l’image réside donc non seulement dans sa richesse iconographique et éditoriale, mais aussi dans sa capacité à renouveler l’approche des faits historiques et leurs représentations.

De plus, loin d’être une simple juxtaposition de textes et de reproductions d’œuvres, le site tire parti des nouvelles technologies pour cerner le sujet de l’œuvre ou du document d’archives, mettre en valeur ses éléments les plus significatifs, mais aussi mieux comprendre le cas échéant la sensibilité de l’artiste, ses intentions. Afin de pousser plus avant l’analyse des oeuvres, certaines études sont enrichies d’une animation multimédia incluant un commentaire sonore.

Ce site est en priorité destiné aux professeurs de l’enseignement secondaire et à leurs élèves. La période 1789-1939 correspond ainsi aux volets de l’histoire de France des programmes de seconde et de première. Le découpage adopté recouvre les deux dernières parties du programme de seconde (soit la moitié de celui-ci selon les indications horaires officielles) et l’intégralité du programme de première. Le 19e siècle a été choisi aussi à cause de la richesse iconographique des musées et de la connaissance des documents et publications se rapportant à cette période.

Les professeurs d’histoire-géographie ne sauraient toutefois être les seuls destinataires de ce projet.

Compte tenu de son approche pluridisciplinaire et de la diversité des thèmes abordés, il peut aussi intéresser les professeurs d’autres disciplines, les familles, les amateurs d’art et d’histoire, désireux d’accroître leurs connaissances historiques et artistiques, en découvrant les collections des musées et des fonds d’archives.

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Vue de l’incendie de la ville du Cap français, 21 juin 1793, révolte d’esclaves. Archives départementales de Martinique.

Jusqu’en 2006, "L’Histoire par l’image" accordait peu de place à la traite, à l’esclavage et à leurs abolitions. Un partenariat avec la direction des Archives de France, qui procédait alors à l’inventaire dont nous venons de voir l’aboutissement avec la publication du Guide des sources, a permis de publier une série d’études sur ces thèmes, progressivement enrichies. En novembre 2007, pouvaient ainsi être consultées les études suivantes : · les Européens et l’Afrique à la fin du XVIIIe siècle ; · le mouvement abolitionniste et sa propagande ; · la première abolition de l’esclavage du 16 pluviôse an II/4 février 1794 ; · portraits d’esclavages ; · visions d’esclaves ; · le rétablissement de l’esclavage en 1802 ; · la traite des Noirs ; · le mouvement de la négritude.

Les études mettent en relation tableaux, illustrations et pièces d’archives sur les différentes facettes de l’esclavage. Les notices, rigoureuses et novatrices à la fois, sont rédigées par des conservateurs, directeurs de recherche, historiens, professeurs notamment d’histoire de l’art, qui n’hésitent pas à croiser leurs approches, rédigeant parfois à quatre mains. Ces commentaires donnent, en les distinguant soigneusement, le contexte historique des documents, des analyses d’images, et des « interprétations » qui sont autant d’éclairages et de suggestions.

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Par exemple, à propos des résistances et révoltes en Guyane, l’internaute découvre quatre images. Deux eau-fortes de Tardieu l’aîné d’après William Blake : une marche à travers un marais de la Guyane et le Nègre suspendu vivant par les côtes. L’extrait d’une lettre de Sévère Hérault, économe de la plantation le Mont-Plaisant et membre de la milice de Cayenne, à sa sœur Léonice, enfin une très curieuse gravure sur la Manière dont combattent les Nègres, entre les buissons. Se croisent ainsi des archives départementales de Martinique et de Loire-Atlantique à propos d’un troisième département…

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Autre exemple, Françoise Lemaire, conservateur en chef du patrimoine, dans sa notice sur le dessin représentant Trois nègres marrons à Surinam, que nous devons à Théodore Bray (Musée d’Aquitaine), rappelle les conditions historiques et quotidiennes de cette forme de résistance, avec la différence entre « petit » et « grand » marronage. L’image choisie se situe au cœur de la forêt guyanaise : « trois hommes - dits « marrons » ou esclaves fugitifs - se reposent en bavardant autour d’un feu qu’on imagine destiné à tenir éloigné insectes et serpents. Un arbre abattu et une hutte sommaire constituent les rapides aménagements de cette halte temporaire. Un sabre d’abattis fiché en terre est l’outil indispensable à leur fuite qu’ils ont pris soin d’emporter. Le planteur Théodore Bray, installé en Guyane hollandaise vers 1840, dessine cette scène de marronage, avec le naturel des choses vues, sans connotation romantique. L’un des marrons fume une pipe en terre objet caractéristique de l’univers matériel des esclaves sur les plantations, tel qu’il a été révélé par l’archéologie ».

Enfin, cet extrait d’une notice de Luce-Marie Albigès, conservateur de la direction des Archives de France, sur le très beau portrait par Girodet du député de Saint-Domingue à la Convention en 1797, que l’on peut admirer au musée du Château de Versailles.

Jean-Baptiste Belley, né à Gorée, fut vendu petit enfant à un négrier en partance pour les Iles. Affranchi dans sa jeunesse puis membre de la classe des « libres de couleur » qui possédaient eux-mêmes des esclaves, ces « propriétés pensantes », comme Belley les nomme lui-même. Il prit part à l’expédition de Leclerc contre Toussaint Louverture à Saint-Domingue au début de 1802, mais y subit une arrestation arbitraire (sans doute sur ordre secret de Bonaparte), et fut enfermé à Belle-Ile en Bretagne, où il mourut en 1805. Il appartenait à cette génération qui connut l’esclavage, l’affranchissement, l’accès à la vie politique, la première abolition de 1794, la révolte de Saint-Domingue avec le combat de Toussaint Louverture, le rétablissement de l’esclavage en 1802. Son portrait marque une étape majeure dans la représentation des Noirs en Europe.

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« L’étrangeté du Noir

Le portrait de Jean-Baptiste Belley, en pied, sur fond de ciel bleu nuageux, devant le paysage de sa circonscription de Saint-Domingue, n’innove pas seulement par son esthétique somptueuse. Anne-Louis Girodet peint, en représentant officiel de la République, ce Noir en costume d’apparat dont le mandat vient de s’achever, alors même que les colons profitent de la réaction royaliste pour évincer tous les députés de couleur des assemblées du Directoire. A 50 ans, le visage sérieux, Belley est accoudé avec aisance au socle du buste de l’abbé Guillaume Raynal, sculpté par Espercieux. L’artiste fait de lui le vivant symbole de l’émancipation des Noirs annoncée par le philosophe.La figure de ce Noir, exposée à Paris, en 1797 et en 1798, suscite une véritable fascination dans le public. L’artiste a placé de trois-quarts la tête, objet de la curiosité générale, à cette époque où l’on compare les caractéristiques morphologiques des blancs, des noirs et des singes. Rejetant en arrière des cheveux crépus déjà grisonnants, le visage osseux, au nez aplati, est éclairé par des yeux très vifs ; la mâchoire puissante ne présente aucun prognathisme. Le contraste entre le costume, si extraordinairement raffiné qu’il évoque à lui seul la culture européenne, et le faciès sombre du modèle fait ressortir l’étrange différence de cet homme noir. Ce costume de député à la Convention, rappelle aussi que Belley a connu son heure de gloire lors de la première abolition de l’esclavage, en 1794. Les trois couleurs républicaines, qui ceignent la taille et le chapeau sont fondues dans des dégradés pastel et laissent tout le contraste chromatique au rapport entre le noir et le blanc. Les tonalités subtilement dégradées du visage noir de Belley ressortent contre le marbre blanc de la sculpture, comme sa longue main brune sur la culotte claire ». Notice de Luce-Marie Albigès (extrait).

Illustrations © Documentation française. Couverture du Guide des sources © Site internet « L’histoire par l’image », page d’accueil © Archives départementales de la Martinique : Incendie du Cap Français ; Nègre suspendu ; Manière dont combattent les Nègres, entre les buissons ; Marche à travers un marais de la Guyane. © Archives départementales de Loire-Atlantique, extrait d’une lettre de Sévère Hérault, économe de la plantation le Mont-Plaisant et membre de la milice de Cayenne, à sa sœur Léonice © Musée d’Aquitaine, Théodore Bray, Trois nègres marrons, à Surinam. © Photo RMN / © Gérard Blot. Jean-Baptiste Belley par Girodet, Versailles, musée national du château et de Trianon


 

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