MANIFESTATIONS > 2007 > Martinique

En 2007, une cérémonie exceptionnelle a réuni à Paris le président de la République sortant, M. Jacques Chirac, et le président de la République élu, M. Nicolas Sarkozy.

Sont recensées les manifestations notables ayant eu lieu sur l’ensemble en France.

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Martinique
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Ouverture du site internet Paroles d’esclavage

Journaliste à FR3, puis pour RFO, auteur en 2004 de Noirs dans les camps nazis » (éditions du serpent à plume), accompagné du caméraman Daniel Sainte-Rose, Serge Bilé a entrepris de sillonner durant une année la Martinique pour recueillir le témoignage de descendants d’esclaves, dont le plus âgé a 105 ans. Ces derniers font revivre les récits familiaux entendus de leurs ancêtres, sur la dureté des travaux agricoles, les fugues, les sévices, mais aussi les traditions musicales.

« L’idée m’est venue soudain après une discussion avec des jeunes martiniquais lors d’une fête d’internet », raconte Serge Bilé dans une émission et un article sur internet de RFI qui lui furent consacrés (article du 9 mai 2007). « Les jeunes se plaignaient du manque d’information sur l’histoire de leur île. Je leur ai demandé ce qu’ils faisaient pour combler ce manque, à l’heure où tout le monde s’est emparé de la Toile ». Le journaliste reprend la question à son compte et décide d’agir. Serge Bilé qui a déjà réalisé plusieurs documentaires et essais (Les Bonis de Guyane, Maurice le saint noir, Noirs dans les camps nazis, la légende du sexe surdimensionné des Noirs), convainc le caméraman Daniel Sainte-Rose de le suivre pour retracer la période de l’esclavage. Premier objectif : les maisons de retraite de la Martinique. Ils y trouvent les anciens, qui n’ont pas la mémoire si défaillante que ça.

Les témoignages sont mis progressivement en ligne depuis mi-avril 2007 : descendants d’esclaves ou de maîtres, noirs, mulâtres, blancs. Tous mêlés remplissent les pages manquantes des livres d’histoire. (http://www.parolesdesclavage.com/index-esclavage.html) pour transmettre cette mémoire de la Martinique. Serge Bilé envisage, ensuite, de s’intéresser aux autres territoires français concernés. Le 10 mai 2007, les internautes, déjà au nombre de 7 900 depuis l’ouverture, pouvaient découvrir in vivo, par vidéo, une trentaine de récits : Léopold Zami, 94 ans, dont l’arrière-grand-mère avait vécu la douloureuse traversée puis durement travaillé dans les champs de canne et de manioc ; Jenny Poyonne, 95 ans, dont l’aïeule narrait les danses, sauts et chants de liesse qui saluèrent l’abolition, etc. Le journal Libération en a tiré un article. Fin novembre 2007, le nombre de visiteurs dépassait 31 000.

« J’ai créé ce site, explique le journaliste, pour donner la parole aux « Anciens » afin qu’ils disent l’esclavage tel que leurs grands parents et arrière-grands-parents l’ont directement vécu et eux-mêmes raconté à leurs enfants et petits-enfants d’alors, devenus aujourd’hui septuagénaires, octogénaires, nonagénaires et centenaires ».

Deux exemples :
- « Je me sentais méprisée par ma grand-mère », se souvient Gisèle Jannas. « Elle m’aimait, mais… » Le père de Gisèle était blanc, sa mère noire. La grand-mère fumait le cigare, le soir, au clair de lune et racontait l’histoire de l’arrière-arrière-grand-père de Gisèle, libéré par la volonté du baron d’Angleberne, qui lui donna une terre. Un fier, cet affranchi. Il va vendre sa canne à sucre à la ville, s’arrête au bar d’un hôtel uniquement fréquenté par des Blancs. « Il fait noir, aujourd’hui », entend-il lorsqu’il commande sa boisson. Il allume alors un cigare, tire de sa poche un billet de banque. Avec le bout incandescent de son cigare… il le brûle.
- Eugène Nestoret, 105 ans, a chanté devant sa famille réunie pour son anniversaire une très vieille chanson de libération : « Souviens-toi Saint-Domingue,(…) la liberté, la liberté a posé son drapeau pour ne plus jamais voir revenir l’esclavage ».

Colloque de la société des Amis des archives et des Archives départementales de la Martinique : « Enseigner l’Histoire dans la Caraïbe hier et aujourd’hui : fragmentations, influences, perspectives ».

L’enseignement de l’histoire aux Antilles est au cœur des débats publics depuis les années 1990. Les questions qui se posent :
- De quelle manière l’histoire fut-elle enseignée aux enfants des Antilles françaises depuis l’instauration de l’école publique ?
- Comment, aujourd’hui, les différents pays de la Caraïbe abordent-ils l’enseignement de l’histoire coloniale, et la question d’une histoire nationale ?
- Comment l’enseignement de l’histoire a-t-il pu influencer la formation et l’évolution de l’esprit public dans ces pays ? Le colloque a permis à plusieurs historiens de renom, spécialistes de l’histoire antillaise et de l’histoire contemporaine ainsi qu’à de jeunes chercheurs de situer le sujet dans une perspective historique. L’objectif était de toucher autant le grand public que les professeurs du premier et du second degré, en proposant une approche pédagogique et diversifiée. Une série d’événements s’est donc déroulée de mars à mai, dont une suite de conférences dans les communes et à Fort-de-France. Un colloque de clôture a permis de croiser les approches et les regards sur l’histoire et son enseignement dans la Caraïbe.

Le calendrier était le suivant :
- 23 avril, à l’hôtel du département, présentation du Guide des sources de l’esclavage : un outil pour la connaissance de l’histoire ;
- 26 avril, à l’office de la culture du Lamentin, une soirée-débat sur le sujet Les adaptations des programmes scolaires : pourquoi, comment ? ;
- 10 mai, à l’Atrium de Fort-de-France, Paroles d’anciens enseignants, soirée de témoignages sur la place de l’histoire et de l’environnement des Antilles dans les programmes scolaires. Cette soirée de grands témoins a permis aux spectateurs de mieux comprendre le rôle des professeurs dans la transmission du savoir pour ce qui concerne le choix des évènements.
- 18-19 mai, colloque international à l’hôtel du Département, Enseigner l’histoire dans la Caraïbe, hier et aujourd’hui : fragmentation, influences, perspectives. ? Avec la participation de Sir Roy Augier (Sainte-Lucie), Michèle Oriol (Haïti), Verene Sheperd (Jamaïque), Pablo Arco (Cuba), Antonio Gatzambide (Puerto-Rico), Véronique Chalcou, Danielle Bégot, Jacques Adélaïde-Merlande, Jean-Pierre Sainton (Guadeloupe), Catherine Coquery-Vidrovitch, Marcel Dorigny, Eric Mesnard, François Durpaire (France), Léo Elisabeth, Benoît Fricoteaux, Elisabeth Landi, Gilbert Pago, Edouard Delépine, Cindy Mencé, Lauriane Zacharie (Martinique)… Les partenaires de l’opération étaient le conseil général, la DRAC et le rectorat de Martinique, le conseil de la culture, le SCEREN CRDP, l’habitation Saint-Étienne, le groupe Bernard Hayot, la cistillerie du Simon, le groupe SGCA, RODOM, le CMAC-Atrium, Air Caraïbes.

Exposition du 18 mai au 27 juillet, Archives départementales, Fort-de-France : Enseigner l’histoire dans la Caraïbe : un siècle de pédagogie.

A travers des archives de l’Instruction publique à la Martinique, d’anciens manuels martiniquais et guadeloupéens et des ouvrages scolaires contemporains de la Caraïbe, un parcours visuel de plus d’un siècle d’enseignement de l’histoire a été proposé aux visiteurs. Les Archives départementales, la Société des Amis des Archives mais aussi beaucoup d’autres associations et particuliers ont participé à la réalisation de l’exposition.

Illustrations © S. Bilé, portrait de Serge Bilé et Daniel Sainte-Rose. © Service des Archives départementales de la Martinique, affiches colloque enseignement.


 

 

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