Des ouvrages parus le 10 mai ou autour du 10 mai 2007

Comme en 2006, plusieurs ouvrages sont sortis le 10 mai ou autour du 10 mai, qui fut également l’occasion d’évoquer parutions récentes ou à venir. On observe que les éditeurs choisissent souvent, pour le thème de l’esclavage, une date de parution qui permet la mise en place des livres à partir du 27 avril, date de l’abolition de 1848, et leur valorisation ensuite le 10 mai. Les textes qui présentes ici les livres sont tirés des résumés des éditeurs.

Les ouvrages suivants sont sortis le 10 mai 2007 :

- Alain Foix, Toussaint Louverture, Folio biographies, Gallimard. Écrivain, philosophe, réalisateur et dramaturge, Alain Foix, né en Guadeloupe, est également directeur de théâtre et de centres de création et de diffusion artistique. Il a dirigé la scène nationale de la Guadeloupe, le théâtre Le Prisme à Saint-Quentin-en-Yvelines, La Muse en circuit, centre de création musicale, et dirige actuellement Quai des arts. Lauréat du Grand Prix Beaumarchais de l’écriture théâtrale de la Caraïbe en 2004, son travail de réalisateur a été récompensé par un premier prix de documentaire au festival Vues d’Afrique de Montréal en 1989. Parmi ses œuvres, ouvrages pour enfants et romans, notamment Ta mémoire, petit monde, paru chez Gallimard en 2005.

- Alain Foix, Histoires de l’esclavage racontées à Marianne, illustrations de Benjamin Bachelier, Gallimard-Jeunesse Giboulées, à partir de 8 ans.

Députée junior de Franche-Comté au Parlement des enfants, Marianne s’égare dans les couloirs de l’Assemblée. Elle découvre une étrange pièce sombre, dans laquelle des bustes en sucre de toutes les couleurs, blanc, brun, roux, candi, d’abord inquiétants, s’animent les uns après les autres pour lui raconter l’histoire de l’esclavage et son abolition : Toussaint Louverture, Victor Schœlcher, Louis Delgrès, Dessalines, l’abbé Grégoire, la mulâtresse Solitude, la Vénus Hottentote, tous héros, victimes ou combattants, de l’époque de l’esclavage. Un CD joint au livre raconte l’histoire en la ponctuant de chants traditionnels créoles et de percussions.

- Édouard Glissant, Mémoire des esclavages, avant-propos de Dominique de Villepin, Gallimard et La Documentation française

L’auteur se propose de poser les jalons d’une réflexion, de préciser les contours d’un futur Centre national consacré à la traite, à l’esclavage et à ses abolitions : « Et s’il y a une raison de fonder un Centre national autour d’un pareil sujet, c’est-à-dire, de cet esclavage-ci plus particulièrement, oui de cet esclavage-ci, africain, caraïbe, américain, transindien, européen, alors que nous savons que tous les esclavages sont également monstrueux et hors humanité, peut-être la trouvons-nous avant tout dans ceci qu’il a intéressé la plupart du monde connu à l’occident du monde, c’est-à-dire qu’il a établi un lien d’un ton nouveau entre pays et cultures, que ce lien on a voulu le faire méconnaître, qu’il a brassé un nombre incalculable de beautés dans un nombre aussi incalculable de supplices, qu’il en est résulté la créolisation de ce grand pan du monde, créolisation aussi belle que sa démocratisation, qui a répercuté sur une partie de notre monde actuel et qui a fait que nous y sommes entrés, et qu’alors ce Centre doit être national parce que c’est là le meilleur chemin pour en démultiplier toutes les approches et toutes les résonances internationales.

Ce centre national sera ce que les descendants des esclaves et les descendants des esclavagistes en feront ensemble, ils cessent dès lors d’être des descendants de quoi que ce soit, ils deviennent des acteurs lucides de leur présent, pour la raison, ou le lieu-commun, qu’ils entrent ensemble dans le monde, notre monde. Nous savons que les non-dits et les interdits nous barrent tout accès à la sérénité souhaitable de cette totalité monde, et entretiennent l’énormité des conflits qui l’agitent. L’utopie semble devenir plus qu’une inconséquence. Considérons dès lors que c’est un ouvrage de sécurité publique, le plus sûr en vérité, que de repérer, partout dans les espaces de nos sociétés, et de neutraliser, ces trous noirs des histoires des humanités. » La conception et l’organisation de chacun des domaines d’activité de ce futur centre sont présentées en détail dans le dernier chapitre.

- La traduction en français d’un livre de Hanss Fässler sur la participation suisse à l’esclavage et à la traite transatlantique a été lancée le 10 mai aux éditions Duboiris, avec une conférence à Paris. L’ouvrage était paru en 2005 aux éditions Rotpunktverlag, Zürich, sous le titre : Reise in Schwarz-Weiss : Schweizer Ortstermine in Sachen Sklaverei (Zürich 2005).

- Myriam Cottias et Arlette Farge, De la nécessité d’adopter l’esclavage en France. Texte anonyme de 1797 présenté par les deux auteures, paru le 10 mai 2007.

L’histoire de l’esclavage a récemment ressurgi dans le débat contemporain, rompant ainsi de manière violente le silence dans lequel elle avait été maintenue. L’universalisme républicain a été largement secoué par l’exclusion ressentie par les descendants des anciens esclaves. C’est dans ce contexte que Myriam Cottias et Arlette Farge découvrirent ce document, inédit et troublant. Dans la France d’après la Révolution, ce texte, daté de 1797, prône le rétablissement de l’esclavage comme remède à l’indigence et à la délinquance. Il témoigne de l’idée, dont on retrouve trace tout au long du siècle, que l’esclavage pourrait faire le « bonheur » du petit peuple miséreux et résoudre le problème social de la pauvreté. Myriam Cottias, historienne du fait colonial au CNRS, à l’université des Antilles-Guyane et à l’EHESS, dirige le centre international de recherche sur les esclavages : acteurs, systèmes, représentations, au CNRS. Arlette Farge est historienne, spécialiste du peuple au 18e siècle. Elle est directrice de recherche au CNRS et enseigne à l’EHESS.

- Paru également le 10 mai, De la traite et de l’esclavage des Noirs d’Henri Grégoire, présenté par Aimé Césaire, chez Arléa. De la chaire aux tribunes de la Révolution, Henri Grégoire a mené un combat sans concession pour l’égalité de tous les hommes, jusqu’au décret du 16 pluviôse an II (5 février 1794) : « La Convention nationale déclare aboli l’esclavage des Nègres dans toutes les colonies. En conséquence, elle décrète que tous les hommes sans distinction de couleurs, domiciliés dans les colonies, sont citoyens français et jouissent de tous les droits assurés par la Constitution. » Aimé Césaire le rappelle avec gravité : « les paroles d’Henri Grégoire sont de celles qu’un petit-fils d’esclave ne peut relire sans émotion ».

- Schœlcher, Victor, Esclavage et colonisation

Textes choisis et annotés par Emile Tersen, introduction d’Aimé Césaire, avant-propos de Ch.-A. Julien et préface de Jean-Michel Chaumont, paru le 15 mai 2007 chez PUF, dans la Collection Quadrige. 256 p. "Ainsi donc, évoquer Schœlcher, c’est rappeler à sa vraie fonction un homme dont chaque mot est encore une balle explosive. Que son oeuvre soit incomplète, il n’est que trop évident. Mais ce serait puérilité et ingratitude que de la sous-estimer." (A. Césaire). Ainsi se termine la préface d’Aimé Césaire pour la publication, en 1948, d’un choix de textes de Victor Schœlcher célébrant le centenaire de l’abolition. Il s’agit d’un ouvrage fondamental puisque des historiens y ont rassemblé pour la première fois l’essentiel des textes de combat de Schœlcher avant l’abolition, son décret de 1848 et tous les écrits d’intervention du célèbre abolitionniste français jusqu’à sa mort.

Autres ouvrages

Parmi bien d’autres, quelques exemples de livres parus de mars à mai, sachant qu’il en paraît toute l’année sur ces thèmes.

- Nègre, Négrier, Traite des nègres, Trois articles du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse. Editeur : Bleu Autour. Publication : 22/3/2007

Nègre. Que faire de ce mot tabou ? Surtout pas le taire, mais l’interroger, pense Françoise Vergès, qui retrace son destin chargé. Lire, par exemple, l’article « Nègre » du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse. Republié ici, cet article d’un héritier des Lumières exhume un racisme brut, qui perdure de nos jours. Alors, ne pas se borner à s’indigner, on risquerait de réduire le « Noir » à sa couleur. « Il faut d’abord comprendre comment le ’blanc’ est devenu une couleur qui s’est parée du masque de l’universel mais qui opère comme une ligne de partage. » Puis Noirs et Blancs devraient ensemble questionner les mémoires et les contradictions des uns et des autres, engager des luttes pour l’égalité. « Ce sont ces passerelles qui affaibliront la ligne de couleur », conclut Françoise Vergès, et qui permettront, en la dépassant, « d’ inventer une démocratie post-raciale. »

- Schnakenbourg, Christian, Histoire de l’industrie sucrière en Guadeloupe aux XIXe et XXe siècles, Volume 2, "La transition post-esclavagiste, 1848-1883".

Paru le 8 mars 2007 chez L’Harmattan. Etude consacrée à l’industrie sucrière en Guadeloupe durant la période où s’opère précisément le passage de l’esclavage au salariat. Le recours à l’immigration indienne, les bouleversements du marché sucrier et la création d’un système bancaire moderne jouent un rôle majeur dans cette transition en même temps que se développe l’industrialisation de la production sucrière.

- Le Dictionnaire de la colonisation française aux éditions Larousse, dirigé par Claude Liauzu, professeur émérite à l’université Paris VII Denis Diderot, est sorti le 4 avril 2007. Le livre compte soixante-dix auteurs, nombre d’entre eux assez jeunes. Parmi eux figurent des historiens originaires des Départements d’outre-mer français (DOM), des spécialistes des anciennes colonies. Le conseil scientifique se compose d’Hélène d’Almeida Topor, Pierre Brocheux, Myriam Cottias, Jean-Marc Regnault. Accompagnés de seize pages d’atlas, les articles se consacrent aussi bien à « République et colonisation », qu’à l’« Afrique noire », le « budget » de l’expansion coloniale, « capitalisme et colonisation », les « Abolitions de l’Esclavage », « la départementalisation de La Réunion », les figures célèbres ou négligées de l’histoire, les termes à connaître (« cafre », « marron »…), sans oublier un article sur « Le comité pour la mémoire de l’esclavage », rédigé par sa vice-présidente Françoise Vergès. Sept-cents notices permettent de rechercher directement une information, de passer d’un thème à un autre, en fonction de la multiplicité des facettes du fait colonial. Le chapitre Temps forts en présente les principales étapes. Des dossiers synthétiques sur des questions générales font le point des connaissances et des débats. Des cartes, un index (des personnes, des lieux et des thèmes) facilitent la lecture.

- Les Âmes du peuple noir de William Edgard Burghardt Du Bois, éditions La Découverte, 26 avril 2007.

« Le problème du XXe siècle est le problème de la ligne de partage des couleurs ». Telle est l’intuition fondamentale de Du Bois. Dans ce recueil d’essai publié en 1903, il évoque l’étendue du racisme américain et donne à voir au monde la réalité de l’expérience quotidienne afro-américaine dans l’Amérique de la ségrégation. Il tisse les souvenirs autobiographiques et les paraboles épiques avec les analyses historiques et sociologiques, construisant ainsi l’unité culturelle et politique du peuple noir à partir de la multiplicité de ses âmes individuelles. Dans cet ouvrage qui a inspiré l’essentiel de la conscience collective noire, sont évoquées l’étendue du racisme américain et la réalité de l’expérience quotidienne afro-américaine dans l’Amérique de la ségrégation.

- Myriam Cottias, La question noire : histoire d’une construction coloniale, Bayard, avril 2007.

L’expression "question noire" semble devenue une évidence , apparue pourtant depuis peu dans le débat français. L’auteure interroge sa signification et son histoire. Elle fait le récit de la construction historique de cette catégorie, "Noirs", des premiers textes des capitaines négriers du XVIIe siècle au glissement qui s’opère au XXe siècle entre esclavage et nègre, jusqu’à la racialisation. Manipulée par les plus extrêmes, rarement définie, l’expression s’est répandue dans les médias sans que l’on ne s’attache vraiment à son histoire. La tâche de la France aujourd’hui est bien pourtant là : intégrer cette histoire, celle de la traite, de l’esclavage et de la colonisation, à son histoire nationale. Accepter le constat que la définition de la nation s’est faite dans des limites hexagonales et par l’exclusion des peuples colonisés. Myriam Cottias nous invite ici à poser les bases de ce travail d’histoire, indispensable à une mémoire apaisée, à suivre la construction, d’un continent à l’autre, de la catégorie « esclave » et sa racialisation tout au long des différentes colonisations. La reconnaissance ne peut s’appuyer que sur les expériences multiples, précisément restituées et analysées de ces populations, sur le travail minutieux des historiens et la volonté politique de le rendre visible. Myriam Cottias est historienne du fait colonial au CNRS, à l’université des Antilles-Guyane et à l’EHESS. Elle dirige le Centre international de recherche sur les esclavages : acteurs, systèmes, représentations, au CNRS.

- Marc Ferro, Le ressentiment dans l’histoire. Paru le 27 avril 2007, chez Odile Jacob. A partir d’une dizaine de cas de conflits sociaux ou nationaux, l’auteur tente de montrer de quelle façon le ressentiment engendre le conflit et ne permet pas de résolution. Il prend ainsi exemple sur les guerres entre hérétiques et catholiques, les communautés yougoslaves, etc. Permet d’expliquer les revendications concernant l’esclavage ou la colonisation.

- Hannah Crafts. Autobiographie d’une esclave. Édition établie, présentée et annotée par Henry Louis Gates Jr. traduit de l’anglais par Isabelle Maillet, Paris, Éd. Payot & Rivages, mai 2007.

- Abou Haydara. L’envers de l’épopée portugaise en Afrique : XVe-XXe siècles. Préface de Joseph Ndiaye. Paris : l’Harmattan, mai 2007.

- Margaret Tanger. Les juridictions coloniales devant la Cour de cassation : essai de contribution de la Cour de cassation à l’émergence des droits civils des noirs dans les colonies françaises d’Amérique de 1828 à 1848. Préface de Bruno Cotte. Paris, Economica, mai 2007.

- Paul Butel, Histoire des Antilles françaises, paru le 3 mai 2007, Perrin, Collection Tempus. Histoire des Antilles françaises du début de la colonisation sous Louis XIII à la départementalisation de la Martinique et de la Guadeloupe en 1946. Plus de trois siècles de vie quotidienne, de hiérarchie sociale et raciale, des périodes particulièrement mouvementées des îles, y compris celle de Saint-Domingue jusqu’en 1804, ainsi que la loi d’abolition de l’esclavage de 1848.

- Fohlen, Claude, Histoire de l’esclavage aux Etats-Unis. Paru en mai 2007, Perrin, Collection Tempus. Indépendants en 1783, dotés depuis 1787 d’une Constitution démocratique, les Etats-Unis n’aboliront l’esclavage qu’en 1865, trente ans après l’Angleterre. Comment cette démocratie a-t-elle pu tolérer l’esclavage aussi longtemps ? C’est ce paradoxe central de l’histoire américaine qu’analyse Claude Fohlen, soulignant que l’abolition de l’esclavage a fait naître la question noire.

- Tanger, Margaret, Les juridictions coloniales devant la Cour de cassation (1828-1848). Paru en juin 2007, Economica, Collection Droit. Une étude montrant le rôle de la Cour de cassation dans l’émancipation des Noirs des colonies françaises d’Amérique.

Littérature pour la jeunesse

- L’album illustré Coton Blues, (Gecko Editions – mars 2007 – coll. Les Contes imaginaires) dès 6 ans : un album de Régine Joséphine et d’Orélie Gouel. Découvrez une petite fille, Coton, esclave qui rêve de Liberté…

- L’Esclave du Fleuve des Fleuves (éd. Oskar jeunesse – mars 07 - coll. cadet dès 9 ans) de Yves Pinguilly : l’itinéraire du jeune Gaoussou, qui est fait prisonnier en Afrique avec son amie Akissi pour être envoyés aux Antilles. Cahier documentaire en fin d’ouvrage.

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